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Le bâtard de Palerme - Luigi Natoli

13 Mai 2017 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

La première fois que j'ai mis les pieds en Sicile, j'ai été fascinée par les multiples influences qui marquent l'histoire de l'île, façonnent ses paysages, son architecture et bien sûr ses habitants. Alors il a suffi d'un article dans Lire l'année dernière, présentant la réédition de L'histoire des Beati Paoli pour que je passe immédiatement commande au Père Noël. Deux mille cinq cents pages réparties en trois volumes, dont Le bâtard de Palerme est le premier. Une plongée dans l'histoire de la Sicile qui démarre au tout début du 18ème siècle tandis que l'île passe du giron espagnol (dont la gouvernance à distance hérisse la population et la noblesse siciliennes tandis que l'héritage de l'Inquisition maintient un climat de terreur) à la couronne de Savoie. Un espoir de stabilité, enfin... mais qui sera de courte durée.

Le bâtard de Palerme, c'est Blasco de Castiglione, un jeune homme fougueux originaire de Catane et venu dans la capitale sur la recommandation d'un moine qui l'avait recueilli après le décès de sa mère dans le terrible tremblement de terre qui a détruit Catane en 1693. Ce que Blasco ne sait pas encore mais qu'il ne tardera pas à découvrir c'est qu'il est le fils naturel de feu le duc de la Motta, Emanuele Albamonte décédé vingt ans plus tôt lors d'une bataille. L'actuel duc, Raimondo, frère cadet d'Emanuele est l'un des personnages les plus en vue du Royaume, en charge notamment de la sécurité et de la justice. Un homme ambitieux, dur et sans pitié qui n'a pas hésité à tenter d'assassiner sa belle-soeur et l'héritier qu'elle venait de mettre au monde lorsque la nouvelle de la mort d'Emanuele lui est parvenue. Cette dernière, paniquée, s'est enfuie avec le bébé et ils ont tous les deux été déclarés morts ce qui a permis à Raimondo de récupérer le titre et les biens. Après un premier mariage dont il a eu une fille, Violante, Raimondo a épousé la très belle Gabriella de vingt ans sa cadette. En arrivant à Palerme, Blasco tombe sous le charme de donna Gabriella avant d'être hébergé par le duc de la Motta et de se lier d'amitié avec Coriolano de la Floresta, un jeune noble sympathique et mystérieux. Tandis que Palerme se prépare à recevoir son nouveau roi, Blasco se trouve au coeur de multiples intrigues et il devra faire appel à toutes ses forces morales et physiques pour déjouer complots et tentatives d'assassinat.

Et franchement, d'Artagnan à côté, c'est un amateur. Le beau Blasco fait tourner les têtes et chavirer les coeurs entre deux duels rondement menés qui lui valent ensuite respect et amitiés viriles. L'intrigue qui tourne autour de l'usurpation de l'héritage par le duc de la Motta conduit le lecteur de rebondissement en rebondissement sans le lasser une seule seconde. Le sbire, Matteo Lo Vecchio est une parfaite figure de méchant à la fois rusé, calculateur et fourbe. En face, la société secrète des Beati Paoli agit dans l'ombre pour rétablir la justice là où ses membres la jugent bafouée. Et forcément, le duc de la Motta est dans son collimateur...

Outre l'éclairage historique, la question de la justice est au centre de l'intrigue via la confrontation des idéaux servis par les Beati Paoli qui instruisent, jugent et punissent selon leur bon vouloir et sans tenir compte des dommages collatéraux, et la conviction de Blasco toujours porté à défendre les innocents quitte à laisser filer un coupable.

On se régale à se laisser porter par le romanesque de cette épopée dans la veine d'Alexandre Dumas. On apprécie la description minutieuse de la société sicilienne de l'époque, marquée par l'opposition entre une noblesse assoiffée de pouvoir et n'ayant de cesse de montrer sa puissance et sa richesse (on comprend mieux ensuite les vestiges de l'architecture que l'on peut encore admirer) et un petit peuple oscillant entre misère, débrouille et quolibets. On retrouve un plaisir un peu oublié, celui des romans de l'adolescence, Les Trois Mousquetaires, Le bossu, Les rois maudits...

Tout comme j'avais adoré explorer Malte (autre endroit qui me fascine) dans l'excellent livre de Tim Willocks, La Religion, je me suis laissée transporter avec grand plaisir dans les aventures de Blasco de Castiglione. Si vous avez envie d'un bon pavé pour cet été, voilà qui pourrait occuper vos heures de sieste et contribuer à vous changer les idées. Moi, j'ai déjà rendez-vous avec la suite...

"Le bâtard de Palerme" (Histoire des Beati Paoli - 1/3) - Luigi Natoli - Editions Métaillié - 1056 pages (traduit de l'italien par Maruzza Loria et Serge Quadruppani)

En mai,c'est le mois italien !

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A
Il est arrivé à la médiathèque depuis quelques mois. Je tourne autour mais 2500 pages tout de même !
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N
Commence déjà par le premier (1000 pages, certes...), profite de l'été peut-être :-)
Z
Très tentant, ton enthousiasme fait plaisir à lire
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N
C'est vraiment sympa de retrouver cette ambiance, un peu oubliée depuis l'adolescence.
M
Moi qui adore Alexandre Dumas, j'ai ressenti à la lecture de ta chronique, un lien de parenté dans la vie aventureuse de ce héros sicilien. Alors...
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N
Tout à fait. J'ai eu l'impression de rajeunir en retrouvant ce type de lectures plutôt opérées pendant mon adolescence :-)
M
Il est formidable, n'est-ce pas? Hâte d'être au mois d'août pour lire le deuxième tome! Merci Nicole pour ta belle participation et ton enthousiasme!
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N
Oui, c'est vraiment bien ! Je ne regrette pas de m'être embarquée là dedans... La suite au mois d'août, avec plaisir !