Nos rendez-vous - Eliette Abécassis
Lorsque j'ai lu la présentation de ce roman, j'ai immédiatement pensé à Un jour de David Nicholls. Ce chassé-croisé de deux êtres qui n'ont pas compris lors de leur première rencontre qu'ils étaient en fait fous amoureux et que chacun d'eux était ce qui pouvait arriver de meilleur à l'autre. Pas évident, n'empêche, quand on n'a encore rien vécu de penser qu'on est arrivé. Même punition pour Amélie et Vincent, les personnages mis en scène par Eliette Abécassis. Et même jeu de pistes, d'amour et de hasard que les Emma et Dexter de Nicholls. On troque l'Angleterre pour les rues de Paris, on allège les considérations sociétales et on se concentre sur l'intime et les sentiments éprouvés par les protagonistes. Voici peut-être la différence entre un roman anglo-saxon et un roman français...
Mais après tout, pourquoi demander toujours du neuf ? L'amour, le couple sont des sujets inépuisables que les auteurs n'ont pas fini d'exploiter et de tenter de comprendre. Le décor est agréable, Paris se montre sous son meilleur jour (je précise simplement à l'auteure que ce n'est pas la Mairie du 6ème qui se trouve face au Panthéon mais bien celle du 5ème arrondissement, mais c'est un détail), on déambule du quartier latin à Montmartre le nez en l'air et la tête dans les nuages pendant qu'Amélie et Vincent s'enfoncent dans l'erreur, chacun de son côté. Est-ce leur faute ? Un rendez-vous manqué, quelques autres à contre-temps et hop ! la vie est passée. Ou presque. On s'accroche alors coûte que coûte au chemin que l'on a choisi d'emprunter, histoire de ne pas être obligé d'admettre qu'on a tout faux. On se ment, donc. Je vous le disais, rien de bien neuf côté fond...
Alors peut-être côté forme ? Il y a d'assez jolis moments, quelques effets de style qui cherchent à prendre le lecteur à contre-pied. Il y a cette mise en parallèle entre l'incapacité à vraiment communiquer et la multiplication des moyens de communication, que peut-être ne remarqueront que ceux qui comme moi ont connu le téléphone filaire et la fantastique sensation de liberté que procura la rupture du cordon. On sent la volonté de l'auteure de rester dans la légèreté quitte à forcer un peu pour y parvenir. Et j'avoue avoir parfois grincé des dents lors de dialogues terriblement plats... mais il est bien connu que l'amour rend bête, alors...
Ce roman fait 150 pages et se lit en un clin d’œil, sans déplaisir mais sans grand intérêt. Une bulle de savon dont il ne restera probablement plus rien dans quelques jours mais enfin, ça délasse, le temps de quelques heures...
"Nos rendez-vous" - Eliette Abécassis - Grasset - 154 pages