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Lire dangereusement - Azar Nafisi
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Lire dangereusement est un plaidoyer vibrant pour la fiction exigeante et une incitation à s'y confronter comme un moyen de s'ouvrir au monde, quitte à être bousculé, choqué, perturbé. Un texte salutaire à l'heure où les contraintes et restrictions en tout genre s'abattent sur l'art et la littérature, même dans les démocraties qui se croient à l'abri.
Enseignante née à Téhéran puis exilée aux États-Unis depuis 1997, Azar Nafisi a baigné dans la littérature et la poésie depuis son enfance et est fascinée par la capacité des romanciers à proposer des visions multiples, portées par des personnages aptes à les défendre et à mettre ainsi le lecteur face à une altérité qu'il n'aurait peut-être pas rencontrée dans son quotidien. Pour en parler elle choisit ici la forme épistolaire, comme un moyen de poursuivre la conversation avec son père décédé auquel elle écrit cinq lettres. Un père qui fut maire de Téhéran, emprisonné quelques années et avec lequel elle n'a cessé d'échanger, de s'éveiller au monde par l'intermédiaire des idées et des mots. De résister, aussi. Cinq lettres qui dressent des parallèles captivants entre certaines œuvres qui la constituent, les réalités observées en Iran ou aux États-Unis et surtout les réflexions induites par leur lecture. On y croise Salman Rushdie, Platon, Ray Bradbury, Vassilii Grossman, James Baldwin, Toni Morrison ou Margaret Atwood. L'exploration de leurs œuvres met en évidence le pouvoir infini de la fiction pour appréhender les mécaniques d'oppression, de censure, d'embrigadement, de haine ou d'asservissement si l'on veut bien y réfléchir. Un matériau indispensable à la liberté de penser.
Si le propos n'est pas neuf, c'est la promenade intelligente parmi les œuvre et la réflexion politique qui l'accompagne qui m'ont passionnée et donné envie de lire ou relire à l'aune de ces éclairages certains des livres cités, notamment La servante écarlate. L'impression d'assister à une brillante master class qui justifie - si besoin en était - mon engouement sans fin pour la lecture. Quant aux menaces qui planent sur la production littéraire, cette volonté d'aseptisation ambiante, tout cela me semble encore plus dangereux après cette lecture qui donne aussi à voir beaucoup d'autres dangers. A nous de rester vigilants, sur tous les tableaux.
"Lire dangereusement" - Azar Nafisi - Zulma - 310 pages (traduit de l'anglais par David Fauquemberg)
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