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La vie meilleure - Etienne Kern
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Et dans la brume surgit parfois la lumière, juste quelques mots, presque militants tant ils semblent incongrus dans le marasme ambiant. Peut-on réussir un roman sur une quête de la joie alors que, chacun le sait, seuls les drames sont à même de nourrir la bonne littérature ? La plume d’Étienne Kern s'y attache avec une volonté presque désespérée car exempte de naïveté. "Il n'y a pas de hasard", si le personnage l'appelle, cet Émile Coué dont on n'a retenu que le nom associé à une méthode, plus souvent objet de moquerie ou de condescendance mais qui peut faire figure d'ancêtre des théories actuelles de coaching ou de développement personnel.
Écrire sur Émile Coué c'est partir à la recherche de la fabrique de l'optimisme, élan vital s'il en est. Alors Etienne Kern enquête, interroge, arpente les rues de Troyes qui abritèrent la famille et la pharmacie du jeune homme ainsi que son installation avec Lucie, visite la dernière demeure à Nancy, legs de sa belle-famille. Là où il mourut, dans la gloire, sa méthode célébrée dans le monde entier, le corps épuisé mais repu de tous ses voyages. Rapidement oublié néanmoins. Même s'il subsiste à travers des traces surprenantes. L'auteur comble les trous, imagine, creuse jusqu'à exhumer le pouvoir consolateur de ce "professeur d'optimisme" qu'il aurait voulu présenter à l'être cher qui lui a inspiré ces pages, Irène, touchée très tôt par un chagrin inconsolable mais qui n'a jamais renoncé à "cueillir la joie".
Et si le texte touche au cœur c'est qu'il fait écho à l'espoir de chacun "Aller mieux. Aller mieux dans sa tête, dans son corps. Aller mieux de jour en jour. La vie comme longue convalescence. La fin des pesanteurs. Le temps qui se retourne : demain mieux qu'hier", écho au souvenir de la joie éprouvée à la vue de la neige, cette joie pure, originelle, avec laquelle on ne voudrait jamais perdre le contact. N'est-ce pas la plus belle des missions pour un écrivain ?
"La vie meilleure" - Etienne Kern - Gallimard - 190 pages
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