Tout le monde garde son calme - Dimitri Kantcheloff
13 Janvier 2025 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans
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On peut commencer par saluer le choix du titre, comme un clin d’œil à notre époque où les raisons de s'énerver ne manquent pas. En fait de clin d’œil il faut plutôt lorgner du côté du cinéma, mais nous y reviendrons. Quant au roman, c'est à la fin des années 70 qu'il nous transporte, nous immerge pourrait-on dire tant l'effet est plus vrai que nature pour qui en a quelques souvenirs ou réminiscences. La reconstitution est subtile, comme c'était déjà le cas des années 50 de Vie et mort de Vernon Sullivan, bien calée sur des sons autant que sur des images. Les cinéphiles s'amuseront à pister les références si le rythme de l'intrigue leur en laisse le temps ; hommage à un cinéma qui a marqué les esprits au point que le scénario servi par Dimitri Kantcheloff s'imprime illico sur la rétine du lecteur.
Ça file à cent à l'heure, dans les pas d'un duo improbable. Victor Bronnier, représentant en parapluies fraîchement licencié préfère passer ses journées dans un bar du Vieux Lyon plutôt que d'avouer son échec à sa femme. Sa rencontre avec Corinne, passionaria de la lutte des classes biberonnée à Che Guevara et à Guy Debord lui fait prendre conscience de la vacuité de ses ambitions de petit-bourgeois. Il faut dire que la jeune femme a des arguments. De fil en aiguille, le voilà embarqué dans une nouvelle vie de braquages et de cavales, où la liberté côtoie le risque et où l'engagement s'arrose au champagne.
On retrouve avec bonheur la prose virevoltante de l'auteur, autant que son sens des situations et des dialogues qui font mouche. J'ai hésité à reproduire ici l'échange hilarant de la page 171, pronostics politiques qui, contemplés depuis le futur se savourent avec gourmandise. Je me demande si le plaisir de cette lecture n'est pas aussi lié à une sorte de nostalgie d'une époque où les gangsters avaient encore un certain sens de la politesse et les politiciens celui du spectacle. Et du panache. Ce truc qui manque cruellement par les temps qui courent, salué non sans ironie et honoré avec une verve revigorante par Dimitri Kantcheloff.
Merci pour les sourires, merci pour ce moment.
"Tout le monde garde son calme" - Dimitri Kantcheloff - Finitude - 188 pages
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