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Bristol - Jean Echenoz

20 Janvier 2025 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

De quoi Bristol est-il le nom ? se demande l'accro à la prose echenozienne à l'annonce de la parution du nouvel opus. Est-ce le petit carton chargé de véhiculer un message ? La ville du sud-ouest de l'Angleterre ? L'hôtel au cœur de Paris ? Jean Echenoz est l'écrivain du mouvement, de la géographie (une superbe expo à la BPI l'a très bien mis en scène il y a quelques années) alors on peut s'attendre à tout. En fait Bristol est le nom du personnage principal du roman, on se doute avant d'en savoir plus qu'il aura la bougeotte. Robert Bristol est un réalisateur de films de quatrième zone, en plein projet d'adaptation du dernier opus d'une romancière à succès, donc fort préoccupé, on s'en doute - casting, financement, calages en tout genre - au point de ne pas prêter attention à la chute d'un corps au moment où il sort de son immeuble de la rue des Eaux, scène d'ouverture qui mettrait en joie nombre de spectateurs au cinéma.

On ne lit pas vraiment Echenoz pour ses histoires (il y en a une, avec beaucoup de rebondissements), plutôt pour le voyage dans une dimension qui aspire le réel et le restitue sous des prismes que le commun des mortels jugera fantaisistes avant de souscrire avec jubilation au chamboulement hiérarchique opéré par l'auteur. Chez lui, les coïncidences sont reines, les objets ont la même importance que ceux qui les manipulent, les animaux surplombent l'intrigue et n'en pensent pas moins. Qu'il s'agisse d'une mouche enfermée dans un bureau ou un d'éléphant (meilleur) acteur à part entière sur le tournage (mouvementé) de Robert Bristol en Afrique.

Du mouvement donc, y compris dans la prose de l'auteur, changements de direction, de perspectives, digressions, clins d’œil, fantaisies de vocabulaire... on est en terrain connu, on est venu pour ça. Une certaine idée du style. Et ce mouvement du monde à la sauce Echenoz a quelque chose d’étonnamment reposant comparé à celui que l'on subit au quotidien ; lire Bristol c'est un peu comme s'offrir une séance d'évasion au cinéma même si, comme le précise la voix du narrateur au détour d'une page "après tout, des choses pareilles arrivent aussi dans la vraie vie". Certes, mais on préfère nettement se les faire conter par maître Echenoz.

Tout un art.

"Bristol" - Jean Echenoz - Editions de Minuit - 208 pages

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A
Je te rejoins pour l'écriture cinématographique, mais j'ai manqué le mouvement de l'intrigue ...
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N
Oui j'ai cru comprendre.
V
qu'est-ce que j'ai hâte de lire ce roman !!
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N
Pas trop vite, car une fois fini il faut attendre le suivant ;-)
D
Malgré les commentaires ci-dessous qui m'ont fait sourire, je pointe le bout de mon nez. Mais je n'en rajouterai pas. Car, en effet, Echenoz n'est vraiment pas pour moi - en tout cas dans sa veine, disons la plus classique... si je puis dire !
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N
:-)
K
Ayant écouté le masque et la plume, et lu l'avis de Delphine Olympe (je viens d'aller voir les commentaires, d'ailleurs), il me tarde de lire ce roman (je lis systématiquement l'auteur) et de me faire mon propre avis.
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N
Je pense que Echenoz n'est définitivement pas un auteur pour Delphine... Tu fais partie des fidèles donc tu devrais y trouver ton compte 🙂