Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
motspourmots.fr

La valse des arbres et du ciel - Jean-Michel Guenassia

17 Novembre 2016 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Van Gogh inspire les romanciers cette année… Peut-être ont-ils deviné que le peintre allait une nouvelle fois défrayer l’actualité avec l’édition de dessins inédits, une rocambolesque histoire d’un carnet de dessins retrouvé par hasard, authentifié par une batterie d’experts mais réfuté par le Van Gogh Muséum ? Peu importe. Le peintre, de par son caractère a toujours suscité intérêt et curiosité. Jusqu’à sa mort sujette à nombreuses interprétations, dont celle d’experts américains réfutant la thèse du suicide au profit de celle du meurtre. Quel beau terrain de jeu pour les romanciers…

Il y a quelques mois, Marianne Jaeglé m’avait convaincue et touchée avec Vincent qu’on assassine, non seulement par l’intrigue qu’elle déroulait mais surtout par sa façon de rendre la sensibilité de Vincent. Maintenant que j’ai lu La valse des arbres et du ciel, je m'interroge. Pourquoi ce livre a-t-il reçu les faveurs des médias ? Pourquoi n’a-t-on pas entendu parler ou très peu de celui de Marianne Jaeglé ? Je suis perplexe et un peu en colère. Parce que cet opus, lu,i ne m’a pas convaincue du tout.

Vincent amoureux ? C’est la thèse qu’entreprend de développer le romancier, une histoire d’amour entre le peintre et Marguerite Gachet, la fille du médecin d’Auvers-sur-Oise, celui-là même qui était chargé de suivre Vincent alors convalescent après son internement provençal. L’auteur nous donne à voir le portrait d’une jeune femme prisonnière de sa condition à une époque où les filles n’étaient destinées qu’à faire un bon mariage. Férue de peinture, rêvant même d’une carrière propre, il nous la présente comme bien plus inspirée que son père (pas gâté le père, oubliée la figure du bon docteur qui apparaît ici comme un fieffé profiteur) pour ce qui concerne le domaine artistique. Au point de tomber amoureuse d’un Vincent du double de son âge, fascinée par son coup de pinceau et de rêver d’Amérique et de liberté pour eux deux.

Je vais vous dire, je n’y ai pas cru une seconde. La thèse d’un Vincent séduisant une jeune fille quand on connaît ses relations difficiles avec les femmes, moi, ça ne passe pas. Imaginer Van Gogh aller faire du canot sur l’Oise avec sa dulcinée… désolée, ça me fait rire.  C’est même un peu désespérant de voir à quelle bluette l’auteur réduit tout ça, sans même convaincre dans sa façon d’aborder l’œuvre de Van Gogh.

En fait, je n’avais pas prévu de lire ce livre car je pressentais exactement cette déception. En proposant une lecture croisée à Joëlle du blog Les livres de Joëlle, j’ai vu l’opportunité de vérifier mes craintes, tout en me tenant prête pour une bonne surprise. En vain.

Pour tous les amoureux de Vincent, lisez plutôt Vincent qu’on assassine qui vous projette avec beaucoup de grâce au plus près des sensations du peintre. C’est charnel, sensuel, étayé, romanesque mais convaincant. Et pour trouver une héroïne en quête d’indépendance, passionnée de peinture au point de vouloir gagner sa place en tant que femme, lisez plutôt Les singuliers, le très beau livre d’Anne Percin.

Vous l’avez compris, La valse des arbres et du ciel est un livre dont on peut à mon avis se passer.

"La valse des arbres et du ciel" - Jean-Michel Guenassia - Albin Michel - 300 pages.

Joëlle a elle été plutôt séduite par cette version, pour lire sa chronique, c'est ici.

Et pour découvrir son ressenti à la lecture de Vincent qu'on assassine, c'est ici.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article