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Vincent qu'on assassine - Marianne Jaeglé

22 Août 2016 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Romans

Vincent Van Gogh, sujet cher à mes yeux et à mon cœur. Au point de partir sur ses traces dès que possible et saisir toutes les opportunités d'admirer ses toiles. Au point aussi d'avoir envie d'en connaître plus sur lui. Donc j'ai lu beaucoup, hanté le Musée d'Orsay, je suis restée hypnotisée devant Les Iris, un jour d'été des années 80 au musée Getty de Malibu, j'ai marché dans ses pas à Auvers sur Oise et retracé son parcours dans "son" musée à Amsterdam. Et je viens de me régaler par la grâce de la plume de Marianne Jaeglé qui nous offre un voyage captivant dans l'esprit et l'environnement de l'artiste.

La mort de Van Gogh un jour de juillet 1890 à Auvers sur Oise a toujours eu une part de mystère. Suicide ? Accident ? Accès de folie ? Aucun témoin n'a jamais levé le voile sur les circonstances exactes du coup de feu qui l'a blessé avant de causer sa mort. Très récemment, des chercheurs américains ont étayé la thèse du meurtre, point de départ de ce roman. Pour tenter d'y voir plus clair, l'auteure revient sur les deux dernières années de la vie de Vincent, à Arles, à Saint-Rémy de Provence et à Auvers, années aussi tourmentées que prolifiques.

Et Vincent revit, là, par la magie de la littérature. Torturé, désespéré de se trouver si différent des autres, terriblement seul mais totalement habité par sa soif de création. Déchiré, hanté par la culpabilité d'être un poids pour Théo, meurtri par le mépris des autres artistes et les moqueries de ceux qui ne le perçoivent que fou. Il s'interroge Vincent, sur tout, son travail, son comportement qui fait fuir, sa légitimité, son entêtement à poursuivre sa quête d'une peinture "à lui"... ça se bouscule dans sa tête, avec les conséquences que l'on connaît. L'internement à Arles puis à Saint-Rémy, la convalescence à Auvers...

Si Vincent nous semble ainsi plus proche, alors que dire de ses toiles ? Marianne Jaeglé les fait soudain s'animer et revivre sous les yeux du peintre. Ces toiles si souvent admirées, voilà qu'elles ont à présent une histoire rendue parfaitement compréhensible. Portraits, autoportraits, paysages et tournesols nous racontent Van Gogh avec une force décuplée.

Incompris, moqué, ignoré. L'histoire de Vincent ne pouvait que mal se terminer. C'est la société tout entière qui l'a tué, car "pour un artiste, être invisible, c'est comme être mort." L'auteure retrace parfaitement cette spirale qui mène au drame. L'histoire de Vincent c'est aussi celle de tout être dont on n'admet pas la différence au point de l'ostraciser. Une tendance qui malheureusement, n'a pas disparu.

C'est un magnifique moment que nous propose Marianne Jaeglé, en compagnie d'un artiste incomparable. Elle parvient à nous le faire ressentir tout comme lui voulait peindre ce qu'il ressentait. C'est superbe.

"Mais lui, il voulait s'essayer à montrer comment il voit les choses, expérimenter de nouvelles façons d'utiliser les couleurs, représenter les champs et les fleurs d'une façon inédite. Il n'avait pas envie de s'en tenir aux façons de peindre élaborées par d'autres, faire et refaire ce qui avait déjà été fait mille fois, quel intérêt ? Il voulait donner à voir le monde tel qu'il le ressent."

"Vincent qu'on assassine" - Marianne Jaeglé - L'Arpenteur - 322 pages

NB : Pour poursuivre l'exploration autour de cette figure de la peinture, je conseille également le très beau C'était mon frère de Judith Perrignon (L'Iconoclaste / Folio) dans lequel l'auteure se glisse dans la peau de Théo pour nous offrir un angle de vue très émouvant sur l'artiste.

On peut également s'amuser à croiser Gauguin et l'école de Pont Aven dont il est beaucoup question aussi grâce au délicieux roman d'Anne Percin, Les singuliers (Le Rouergue / Babel)

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D
Il me le faut ! (Mais comment vais-je faire ?!!!)
Répondre
N
Ha ha... l'effet rentrée littéraire, c'est terrifiant ! :-D
Z
Je note de suite !!
Répondre
N
Chouette !