On récapitule...
Le blog a fêté ses 6 ans le mois dernier et je ressens pour la première fois l'envie de faire une petite pause dans ce rythme effréné de lecture et d'écriture histoire de m'aérer un peu les neurones. Et puis j'ai l'impression que les parutions se succèdent, qu'une chronique chasse l'autre alors que j'aurais tellement envie de continuer à parler de quelques livres qui m'ont tellement plu, émue, chamboulée ou percutée. Comme ce tout dernier, Le Ghetto intérieur. C'est un peu à cause de lui, cette pause. Après une telle lecture, c'est difficile d'enchaîner, je voudrais garder le projecteur braqué sur lui. Encore un peu.
Mais il n'y a pas que lui. Alors, le temps que je revienne avec de nouvelles lectures à vous raconter, voici un petit récapitulatif non exhaustif mais enflammé de ma rentrée littéraire.
J'ai trois gros chouchous :
> Le roman le plus dingue, aussi addictif qu'un polar, stimulant à s'en faire grésiller les neurones, une véritable découverte : Francis Rissin de Martin Mongin - Editions Tusitala.
> Celui qui a l'étoffe d'un grand roman, fruit d'un travail époustouflant et qui dit tant de notre société. Qui dit tant de nous... : Cora dans la spirale de Vincent Message - Editions du Seuil
> Le roman qui fait un bien fou, vous enveloppe dans une cape de douceur, vous murmure quelques brins de poésie et vous donne follement envie de déplier vos cartes routières (tellement plus poétiques qu'un GPS...) : Par les routes de Sylvain Prudhomme - L'Arbalète/Gallimard
J'ai deux guides magiques pour explorer l'Angleterre à travers les âges et à hauteur d'hommes :
> Jonathan Coe livre avec Le cœur de l'Angleterre (Gallimard) un roman comme il en a le secret, savoureux, jubilatoire, délicieusement cruel sans jamais être méchant ; ou comment les anglais en sont-ils arrivés à ce référendum sur le Brexit... Ne rions pas trop, nous ne sommes pas si différents...
> Sébastien Spitzer prend du recul et nous emmène dans l'Angleterre victorienne, 150 ans avant le Brexit et explore avec Le cœur battant du monde (Albin Michel), les contradictions du genre humain avec pour personnages principaux, Marx, Engels et le fils bâtard de Marx.
J'ai deux premiers romans épatants :
> A crier dans les ruines d'Alexandra Koszelyk (Aux forges de Vulcain) met en scène une très belle histoire d'amour entre Lena et Ivan, séparés par la catastrophe de Tchernobyl. Sur fond d'exil et de liens qui rattachent à une terre, de ce qui forge une culture... Élégant et réussi.
> L'âge de la lumière de Whitney Scharer (Editions de L'Observatoire) revient sur la vie de Lee Miller, ses amours avec Man Ray et ses mois d'apprentissage puis de reportages avec un superbe souffle romanesque. Fascinant.
J'ai deux romans délicieux à leur façon, deux paris singuliers et réussis :
> Les simples de Yannick Grannec (Editions Anne Carrière) vous immerge dans la vie d'une Abbaye bénédictine de Provence au 16ème siècle. C'est féroce, drôle, rocambolesque, classe, surprenant, épatant... Bref, lisez-le.
> Adelphe de Isabelle Flaten (Le Nouvel Attila) au moment où se profile l'annonce du lauréat 2019, c'est du Goncourt de 1920 dont il est question ici. Ou comment un livre peut bouleverser la vie d'un paisible village et de son pasteur, Adelphe, sur plusieurs générations et sur fond d'émancipation féminine. Dé-li-cieux !
Enfin, quelques invitations à passer à l'est en compagnie de :
> Lenka Hornacova-Civade qui continue à explorer l'histoire de la Tchécoslovaquie et nous offre avec La symphonie du nouveau monde (Alma) une magnifique épopée, où irradie la figure de Vladimir Vochoc, auquel elle donne l'élégance des vrais héros. Un récit lumineux et une rencontre inoubliable.
> Irina Teodorescu met sa plume poétique au service d'un roman singulier, très inspiré de ses souvenirs personnels et qui explore la question du rapport au monde d'un être exposé dans l'enfance à une révolution et à la chute d'un tyran. Cap sur Bucarest donc, avec Ni poète, ni animal (Flammarion)
> Julie Moulin nous livre le roman d'un double apprentissage, à vingt ans d'intervalle, avec la Russie au cœur de la quête de la jeune Clarisse, sur les traces de sa mère et sous l’œil narquois du Domovoï (Alma).
Quant à la question essentielle de cette rentrée, elle nous est posée par Erwan Larher dans un roman tonique, bourré d'énergie, un poil désabusé mais toujours rock n'roll : Pourquoi les hommes fuient ? (Quidam)
Bonnes lectures et à bientôt !