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Rencontre avec Agnès Desarthe

12 Janvier 2014 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Rencontres-Salons

Rencontre avec Agnès Desarthe

Écouter Agnès Desarthe parler de son métier est aussi passionnant que de se plonger dans ses romans, ses essais ou sa grande production en littérature jeunesse. A l'aise, sachant manier l'humour juste ce qu'il faut, habile à faire passer ses idées de façon claire et simple. Les nombreux participants présents vendredi 10 janvier à la 7ème édition des "Rencontres Littéraires" organisées par Les Ateliers d’écriture Élisabeth Bing, bien qu'un peu serrés (succès oblige) étaient visiblement ravis de ce moment.

Auteur prolixe (9 romans, 2 essais, 32 livres jeunesse tous âges confondus) et souvent primé mais également traductrice (de textes anglo-saxons), la singularité de l'univers d'écriture d'Agnès Desarthe tient sûrement au fait qu'elle a conservé (et cultivé) son âme d'enfant. Mieux que ça. Elle dit s'être juré, alors qu'enfant elle s'étonnait de voir ce que les adultes devenaient, "de ne jamais oublier ce qu'est être un enfant". Cette mémoire des sensations de l'enfance est d'ailleurs ce qui lui a permis de construire "Comment j'ai appris à lire", son dernier ouvrage, impressionnant voyage vers le bonheur de la lecture.

Elle dit s'adresser avec une même facilité à ses lecteurs, quel que soit leur âge. Explique que le fait de cumuler les projets lui offre une diversité bienvenue ; qu'un conte pour enfant ou une traduction peuvent constituer des moments de "délassement" par rapport à la difficulté d'écriture d'un roman (la chose la plus fatigante à ses yeux) . Délassement au sens de se changer les idées mais également d'enrichir son travail. Pour Agnès Desarthe, la traduction est une sorte d'exercice de la langue (c'est en traduisant qu'elle a "appris" le métier d'écrivain, en décortiquant les constructions des ouvrages concernés), un peu comme un musicien fait ses gammes. L'inspiration puisée dans les contes et la magie, voilà ce qui fait le lien entre ses textes, qu'ils s'adressent à des enfants ou à des adultes. Agnès Desarthe dit écrire ce qu'elle a envie de lire. Et elle aime être baladée, surprise, que les histoires bouillonnent. Elle ne connaît pas la totalité de l'histoire d'un roman lorsqu'elle commence à l'écrire, il est important qu'elle laisse la porte ouverte aux idées. "Qui a dit qu'un roman devait être réaliste ?" s'exclame t-elle avec passion. Pourquoi une histoire devrait-elle être absolument vraisemblable ? Dans les contes, les chiens parlent. Alors dans ses romans, les animaux s'avèrent de précieux porte-parole lorsque le sujet, peut-être un peu trop sérieux menace de la faire passer pour "trop intello". Exercice merveilleusement réussi dans "Une partie de chasse" où le lapin blessé et caché dans la gibecière du héros d'ici à ce qu'il puisse le soigner se révèle un sage et intéressant philosophe.

Enfin, pour Agnès Desarthe, "l'écriture est le seul vrai espace de liberté totale". Dans un roman on peut voler, mentir, tricher, tuer, inventer... "Ce serait trop bête de ne pas en profiter". Avis aux écrivains amateurs. Quant aux lecteurs, piochez, découvrez, délectez-vous du plaisir pris par l'auteur autant à inventer qu'à transmettre. Et réjouissez-vous, son prochain recueil de nouvelles est attendu pour le printemps 2014.

NB : remerciements aux Ateliers Bing et plus particulièrement à Isabelle Mercat-Maheut, organisatrice et animatrice archi efficace de ces événements.

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B
J'aime - et suis d'accord avec - l'idée des synergies... Et il est toujours fascinant d'écouter quelqu'un qui sait parler de son métier, de ses pratiques!!!
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N
Oui, elle le dit aussi de la complémentarité entre lecture et écriture. Tous les auteurs n'ont pas forcement ses talents d'oratrice.