Noël 2022 : dix livres (au moins) à offrir

3 Décembre 2022 , Rédigé par Nicole Grundlinger Publié dans #Listes, #Thématiques - Evénements

Je me répète, comme chaque année : le livre est pour moi le plus beau des cadeaux, facile à emballer, pas trop lourd à transporter, entièrement recyclable lorsqu'il a épuisé ses multiples vies, sans date de péremption ce qui en fait un présent qui dure. Il peut servir à délivrer un message, on peut y glisser des petits mots ou des fleurs séchées ; ou simplement laisser la magie du texte faire son effet sur celui qui le reçoit. La seule "difficulté" est de parvenir à trouver le bon livre pour la bonne personne, et espérer que la rencontre se fera. Alors je vous propose ici quelques livres qui n'ont pas forcément fait l'actualité (vous saurez trouver le Goncourt et les autres prix facilement, ils ont un bandeau rouge...) mais qui ont de magnifiques arguments pour surprendre, captiver, émouvoir, amuser, réconforter, éclairer ou charmer. Leurs beaux habits sont des atouts supplémentaires.

Sur l'épaule des géants - Laurine Roux (Editions du Sonneur) magnifiquement illustré de gravures d'Hélène Bautista. Une épique saga familiale qui traverse le 20 ème siècle sur un rythme trépidant qui évoque les feuilletonistes. C'est simple, on retrouve ici tout le plaisir originel de la lecture, embarqué aux côtés de personnages à haut potentiel romanesque et de chats philosophes. Il y a là de quoi rendre un lecteur heureux.

Les filles d'Egalie - Gerd Brantenberg (Zulma) Pour réécrire l'histoire en souriant et se rendre compte à quel point nos esprits sont formatés et genrés, ce roman norvégien paru dans les années 70 est enfin traduit en français et c'est absolument savoureux. Mention spéciale au travail du traducteur Jean-Baptiste Coursaud (vous verrez).

Si haute soit la montagne - Louis Meunier (Calmann Lévy) De ce recueil de nouvelles il se dégage une magnifique unité, une beauté de la langue et du regard, beaucoup de finesse. Entre Afghanistan et Himalaya, la montagne de Louis Meunier déploie sa beauté, son immensité et ses pièges pour des voyages et des rencontres inoubliables qui ont l'humain pour cœur.

L'autre femme - Mercedes Rosende (Quidam/ Traduction Marianne Millon) Du noir bien serré, malin et au féminin. Une balade singulière du côté de Montevideo en Uruguay en compagnie d'une héroïne qui dégomme tous les stéréotypes : intelligente, manipulatrice hors pair et quasiment insoupçonnable. Avec juste ce qu'il faut de mauvais sentiments.

Le pays des phrases courtes - Stine Pilgaard (Le bruit du monde / Traduction Catherine Renaud) Un roman réconfortant par sa petite musique au charme fou, ses petits moments aériens qui vous saisissent au détour d'une page. La balade dans le Jutland vaut tous les antidépresseurs du monde et pour les longues soirées d'hiver qui s'annoncent on est presque dans la prescription médicale.

Dernière nuit à Soho - Fiona Mozley (Joëlle Losfeld / Traduction Laetitia Devaux) Une comédie sociétale dans la plus pure tradition britannique, le regard décalé mais tendre de l'autrice, le quartier londonien de Soho comme vous ne l'avez sûrement jamais vu à travers les destins croisés de quelques habitants, d'un immeuble... et d'un escargot.

Le coup du fou - Alessandro Barbaglia (Liana Levi / Traduction Jean-Luc Defromont) Le rapport entre les échecs et la Guerre de Troie ? Bien plus évident que ce que l'on imagine surtout lorsque la démonstration se nourrit de psychologie, d'humour et de beaucoup de tendresse filiale. J'ai adoré ce texte et il n'est nul besoin de connaître les échecs pour apprécier son propos.

Collapsus - Thomas Bronnec (Série noire / Gallimard) Un scénario de politique fiction à couper le souffle (et le sifflet) en lien avec les enjeux écologiques qui font notre actualité. Thomas Bronnec excelle à ce petit exercice en fin observateur de nos comportements et connaisseur des arcanes du pouvoir. Bluffant et questionnant.

Avoir et se faire avoir - Eula Biss (Rivages / Traduction Justine Augier) Ceci n'est pas un roman mais se lit comme tel tant le propos d'Eula Biss est imagé et chargé de ces petits riens qui nous le rendent immédiatement proche. Une déconstruction joyeuse et poétique des mécanismes du capitalisme dans lesquels nous baignons sans plus nous en rendre compte. Ludique et lucide.

Qui se souviendra de Phily-Jo ? - Marcus Malte (Zulma) Un gigantesque jeu littéraire orchestré de main de maître par le biais de récits gigogne qui interrogent la fabrication des histoires et la manipulation de la vérité. C'est costaud mais jouissif, on en sort tout ébouriffé, un peu groggy mais heureux.